laurence lemaire
l'Oeil et la Plume
la Corrida à cheval, le rejon       retour
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Ce que vous devez savoir avant d'assister à une corrida de rejoneadores

La corrida (correr = courir) est une course, un combat à l'issue duquel le taureau est mis à mort. Elle est pratiquée essentiellement en Espagne, au Portugal, dans le Midi de la France et au pays basque, dans certains États d'Amérique latine (Mexique, Pérou, Colombie, Venezuela, Équateur et Bolivie).
Dans les arènes, il y a des places sol or sombra. Il vaut mieux être à l’ombre mais c’est plus cher ! Les places gradas (tribune ou gradins hauts) sont un peu plus hautes donc plus éloignées et forcément moins chères. Les tendidos (tribunes ou gradins bas) juste en face du toril c'est bien.
Les areneros (employés de l’arène, littéralement : sableur, arena = sable) arrosent la piste et la ratissent. Puis c’est le défilé de présentation avec en tête les alguaciles (huissiers des arènes). L’orchestre se met à jouer ; il rythme tous les évènements, du défilé à la mort du taureau.

Au Moyen Âge, les nobles organisaient entre eux des chasses aux taureaux et des joutes équestres pendant lesquelles ils attaquaient le taureau à l’aide d’une lance. Le succès d'une fête royale reposait essentiellement sur le mata-toros, celui qui reussit à tuer le toro d'un jet de javelot. Plus tard, sous Charles Quint (prince des Espagne au début XVIème), ses joutes équestres deviennent des jeux de toros avec des codes précis. Au cours du XVIIe siècle, cette tauromachie à cheval réservée à la noblesse se codifie encore, pour en arriver à la publication en 1643 du Traité d’équitation et diverses règles pour toréer. Déjà, les taureaux sont mis à mort par les cavaliers mais aussi par les valets à pieds. Ainsi, à partir du XVIIe siècle, le principal acteur reste le cavalier mais apparait el varilarguero ou porteur de longue lance (varilla = grande baguette) : il attendait le taureau à pied et de pied ferme pour l’arrêter avec sa lance. Et dans les premières années du XVIIIe siècle, à Ronda, Francisco Romero a estoqué le taureau à pied (estocade = épée utilisée dans les duels) ; il est devenu un véritable professionnel du genre ; c’est pourquoi Francisco Romero est considéré comme l’inventeur de la corrida à pied.

Mais revenons à nos chevaux. Un rejoneador est un cavalier combattant le taureau avec un rejón, une pique ou javelot de bois de 1m60 avec un fer de 15 cm, qui a succédé à la petite lance des seigneurs du XVIIeme. Dans les années 1921-1924 Antonio Cañero a fixé les règles concernant l'habit du cavalier et la pose des banderilles sur le taureau. La corrida à cheval était pratiqué en marge de la corrida à pied, mais elle a été ajoutée au programme des Ferias et a connu un grand intérêt grâce à la déesse blonde Conchita Cintrón (Chile 1922 - Portugal 2009) qui, à 16 ans, devint rejoneadora professionnelle. En septembre 1991 à Nimes, c'est elle qui a parrainé l'alternative (passage du novillero au matador) de Marie Sara, 1ere femme française torero à cheval, une parisienne issue d'une famille de personnalités du spectacle et de la radio. La très belle Amina Assís ainsi que plusieurs rejoneadores comme les Cartagena et la dynastie des Domecq (également éleveurs de taureaux) ont donné sa noblesse à la corrida à cheval.

Comme dans la corrida à pied, son déroulement comprend trois tercios.
Dans le premier tercio le rejoneadores pose 2 ou 3 rejones.
Dans le deuxième tercio il place des banderilles : c'est la séquence la plus artistique et la plus brillante ; le rejoneador pose de banderilles de diverses façons : al quiebro écart, de cara en face, a garupa à la croupe, por dentro par l'intérieur, al estribo à l'étrier ou a media vuelta.
Le troisième tercio est la mise à mort, la suerte de matar (suerte = chance, sort). Même si le taureau est blessé et fatigué, c'est le moment le plus dangereux ; la mort peut être donnée de plusieurs manières mais la pls belle c’est a recibir (face au toro, le matador attend et provoque sa charge). Le président décide du moment où le rejoneador peut commencer sa démarche de mise à mort ; si au bout de cinq minutes le taureau est encore vivant, il doit descendre de cheval et se servir de l'épée comme un matador à pied. Il porte l’estocade.
Le taureau mort est accroché à l’arrastre (chariot ou chalut) par une chaîne puis il est trainé par deux chevaux avec un dernier passage au centre de la piste pour qu’il soit applaudi ou non.

Le rejoneador utilise un cheval par tercio. Sa taille moyenne varie de 1,50 à 1,60 m. Les chevaux plus petits ne sont pas assez rapides et les plus grands sont maladroits dans de petites arènes (comme celle de Seville ou de Bayonne). Un bon cheval de rejón doit avoir une bonne bouche pour palier aux brusques accélérations et aux courts freinages. Le cheval lusitanien (portugais) est le plus utilisé ; il est très performant en dressage ; il a un caractère volontaire et un mental exceptionnel doux et très stable ; c'est un cheval joueur qui adore apprendre, historiquement utilisé pour rassembler et trier le bétail. Il y a aussi l’Espagnol ou l’Andalou également gardiens de troupeaux et qui ont les faveurs des écuyers de cirque et de spectacle ; le Quarter-horse des Etats-Unis est sélectionné pour sa rapidité sur des sprint ; c’est un petit athlète compact et musclé ; le cheval Arabe est réputé pour son endurance.
Le cheval est débourré, puis vers l'âge de trois ans il est présenté au caretón (chariot à tête de taureau, de carrito = table roulante). Enfin il fait face aux erales (bovins de 1 à 2 ans), à des novillos (3 ans) puis à des taureaux de plus de 3 ans, jusqu'au moment où il sort dans une corrida. Son long dressage et ses qualités les rendent précieux et chers.

Les taureaux choisis pour la corrida de rejón ont la capacité à tenir un galop long et soutenu. Les cornes ne sont pas emboulées mais le règlement autorise à les épointer pour protéger le cheval.
Le toro est mangé après la corrida, la viande est excellente car le taureau est élevé en toute liberté et nourri à l'herbe et compléments alimentaires naturels. Au siècle dernier, le corps du toro revenait à son matador et l'oreille était coupée afin qu'il reconnaisse sa carcasse à la boucherie après la corrida. Aujourd’hui, l’attribution de l’oreille ou de la queue est une seule et belle récompense.

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